Hadiths faibles

Pour avoir les idées un peu plus claires sur ce qu'est un hadith faible : voici une petite description qui se veut accessible aux débutants dans les sciences du hadith:

Définition du hadith :

Le hadith correspond à une parole ou un acte du prophète saws.


Rappel sur la structure d’un hadith :

Chou’eba rapporte d’après Salma ben Kouhayl ,d’après Hajar , d’après ‘alqama, d’aprés son père que le prophète saws disait doucement Amin après la fatiha. ( pour information ce hadith est faible )

- Ce qui est en gras, est ce qu’on appelle la chaîne de narration. Isnaad
- On dit que Salma est le cheik (professeur) de Chou’eba, et que Chou’eba est l’élève de Salma . (pareil pour les autres rapporteurs), le cheik est celui qui transmet le hadith à son élève.
- Ce qui n’est pas en gras est ce qu’on appelle le texte du hadith Matn


Le hadith faible : Daïf

Le hadith faible daïf est le hadith qui ne regroupe pas les conditions suivantes, qui lui permettent d’être accepté :
1- chaîne de narration liée (Tout rapporteur de la chaîne de narration a entendu le hadith de son cheik)
2- Tout rapporteur dans la chaîne de narration est connu pour son honnêteté et son comportement conforme aux règles islamiques de base. ‘adaala
3- Tout rapporteur de la chaîne de narration est connu pour sa maîtrise des ahadiths qu’il transmet. Dhabt.
4- Absence de contradiction vis à vis d’ahadiths plus authentiques.
5- Ne contient aucun défaut caché ( ce genre de défaut n’est décelé que par l’élite des savants de cette science ). 'illa

Si le hadith ne satisfait pas à l’une de ces 5 conditions, il est considéré faible.
Plus le nombre de conditions non satisfaites est grand, plus le hadith est faible.
Parfois la non satisfaction d’une seule condition peut être telle que cela rend le hadith très faible.
Avant de considérer un hadith faible, il faut chercher s’il n’existe pas un autre hadith acceptable, qui a le même sens et qui a été rapporté par d’autres transmetteurs.

Sans entrer dans les détails de ces 5 conditions, je vais donner quelques exemples pratiques :

Exemples de chaînes de narration faibles :

- Quand un rapporteur X rapporte le hadith d’un autre rapporteur Y qu’il n’a pas pu rencontré ( par exemple quand l’un est mort, l’autre n’était pas encore né ), on peut dire que la chaîne de narration de ce hadith ne satisfait pas la première condition et n’est donc pas liée.
- Quand la chaîne de narration contient un rapporteur qui ment par exemple pour favoriser son école de pensée ou sa secte ( madhab ,chiisme … ) . ( condition 2 )
- Quand la chaîne de narration contient un rapporteur honnête, mais qui a perdu la mémoire à cause de son âge avancé et du coup s’est mis à rapporter des hadiths remplis d’erreurs. ( condition 3 )
- Chou’eba rapporte d’après Salma ben Kouhayl ,d’après Hajar , d’après ‘alqama, d’aprés son père que le prophète saws disait doucement Amin après la fatiha. ( hadith faible )
Ce hadith contredit plusieurs autres ahadiths authentiques qui affirment que le prophète saws disait plutôt assez longuement Amiiiin. ( condition 4 )

Explication breve de ce que sont des defauts cachés ('ilal-s)

Ce sont des défauts qui peuvent être trés divers et sont décelès soit dans le texte du hadith ou dans sa chaine de narration.

Les premiers à les avoir décelè sont les batisseurs de cette science ( Ahmad, Boukhari, Moslim ...), parcequ'ils avaient une connaissance encyclopédique ( et par coeur ) des ahadiths, une bonne connaissance des hommes qui les ont transmis ainsi qu'une grande compréhension du fiqh de ces ahadiths.
De nos jours les savants de cette science qui peuvent faire de même peuvent se compter sur les bouts des doigts. Un bon savant ou un bon étudiant contemporain dans cette science est une personne capable de déchiffrer les ouvrages écrits par les batisseurs ( exemple d'ouvrages : A-tamyiiz de Moslim; 'ilal tirmidhi, 'ilal daraqtoni, ...)


Un exemple de défaut caché:
dans le hadith que j'ai cité dans le premier post :
Chou’eba rapporte d’après Salma ben Kouhayl ,d’après Hajar abi al-'anbass , d’après ‘alqama, d’aprés son père que le prophète saws disait doucement Amin après la fatiha.

Boukhari a décelè 2 défauts dans la chaine de narration de ce hadith et il a dit à ce sujet :
premier défaut : Chou’eba s'est trompé de narrateur dans ce hadith, il s'agit de Hajar ben 'anabass et non de Hajar abi al-'anbass.
deuxième défaut défaut : Hajar ben 'anabass a entendu ce hadith de waiil ben hajar et non de 'alqama.


Il faut savoir aussi que certains défauts cachés influent sur l'authenticité d'un hadith et d'autres pas . J'éspére avoir été clair car le domaine des 'ilal ( défauts cachés ) n'est pas trés évident à comprendre, qu'Allah nous facilite sa compréhension

Un hadith dit : le croyant est constamment confronté à cinq difficultés.

question:
Je vous demande si cet hadith est authentique ou pas : le croyant est constamment confronté à cinq difficultés : « un croyant qui l’envie, un hypocrite qui nourrit de la jalousie à son égard, un mécréant qui le combat, une âme insoumise et Satan qui cherche à l’égarer ». Si c’est un hadith, quelle en est la source ?

Answer:

Louanges à Allah

Ce hadith est rapporté à travers deux voies. La première est celle utilisée par ad-Daylani dans al-Firdaws comme le souligne al-Manawi dans Faydh al-Qadir, 5/292, n° 7352 à partir d’un hadith d’Abou Hourayra conçu en ces termes : « Le croyant a quatre ennemis : un croyant qui nourrit de la jalousie à son égard, un hypocrite qui lui voue la haine, Satan qui cherche à l’égarer et un mécréant qui le combat ».

Après avoir cité le hadith, al-Manawi dit : « Parmi les hommes qui l’ont transmis figure al-Hadjibi à propos duquel adh-Dhahabi dit dans adh-Dhouafaa : « on l’accuse d’inventer (des hadith) ». Y figurent encore Khalid al-Wassiti qui est un inconnu et Houssayn ibn Abd Rahman à propos duquel Adh-Dhahabi dit : « il oubliait et était devenu vieux ». Nassaï dit du même homme : « Il avait changé ». Quant à al-Albani, il dit de lui dans Dhaif al-Djami (4749) : « Il est très faible ».

La deuxième voie est celle utilisée par Abou Bakr ibn al Al dans « Makaarim al-akhlaq » comme le souligne al-Iraqui dans al-Moughni an haml al-asfar (3/63) à partir d’un hadith d’Anas conçu en ces termes : « Le croyant est constamment confronté à cinq difficultés:un croyant qui l’envie, un hypocrite qui nourrit de la jalousie à son égard, un mécréant qui le combat, Satan qui cherche à l’égarer et une âme insoumise ». Al-Iraqi dit : « cité par Abou Bakr ibn al-Aal dans : Makaarim al-akhlaq » à partir d’un hadith d’Anas selon une faible chaîne (de transmission).

Le hadith n’est pas sûr. Allah le sait mieux.


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